Nous venons tout juste dans le Pays de Vitré de subir une 5ème pollution de notre eau en 2 ans.
Malgré la réactivité des services VEOLIA qui font une analyse à chaque fois, nous n’avons aucune
remontée sur la nature des prélèvements. Nous subissons ces pollutions et les coupables demeurent
impunis. Pourquoi ?
Mme Le Maire vous qui avez su communiquer à la télévision votre indignation devant le vol des
panneaux Gwitreg et déposé plainte, ou bien avez manifesté devant le Conseil Départemental après l’arrêt
des contournements, devant ce délit environnemental vous demeurez silencieuse.
Il ne peut pas y avoir 2 poids 2 mesures. Nous vous prions d’exiger un droit de réponse sur la nature des
prélèvements. C’est une question sanitaire, de santé publique.
Pourtant l’eau traverse notre tourisme, nos industries, notre agriculture, la biodiversité, la santé des
habitants….
Mais nous faisons comme si la pollution était une fatalité.
La collectivité qui pourtant sait faire appel à des cabinets d’étude, n’en sollicite aucun pour établir les
causes de ces pollutions et trouver ensemble des solutions.
Qu’attendons-nous ?
-3 % correspond au bon état écologique de notre eau. 95 % des ressources en eau du
territoire couvert par notre syndicat proviennent des cours d’eau de la Vilaine et de la Valière, précisément
là où la dernière pollution a été constatée le 12 mai dernier.
Ainsi notre eau potable, essentiellement faîte
de réserves de surface, est encore plus vulnérable à ces pollutions.
Il est à noter que le traitement de notre eau afin qu’elle devienne potable représente un coût considérable
pour nos collectivités.
Après la qualité, parlons quantité. Chacun a encore en tête la sécheresse inégalée par sa
longueur et son intensité de l’an passé. Ces sécheresses se feront plus fréquentes.
On perçoit un certain soulagement car nos barrages se sont remplis au nord au printemps.
Mais sera-t-il suffisant , quand on constate l’évolution de la consommation d’eau sur notre territoire qui
ne cesse d’augmenter à la lecture du rapport annuel du Symeval (aujourd’hui Eau des Portes de
Bretagne) de 2021, les autres n’étant pas encore en ligne.
Nous vous avions déjà alertés sur la non prise en compte des recommandations du SAGE (Schéma
d’Aménagement et Gestion de l’Eau) lors de l’abattage des haies et des arbres ayant eu lieu pour des
projets d’aménagement dans notre ville.
SAGE Vilaine (eaux-et-vilaine.bzh)
Ce SAGE va être revu prochainement. Il est élaboré collectivement par les acteurs de l’eau du territoire
regroupés au sein d’une assemblée délibérante, la commission locale de l’eau (CLE). Celle-ci est présidée
par un élu local et se compose de trois collèges : les collectivités territoriales, les usagers (agriculteurs,
industriels, propriétaires fonciers, associations, etc.) ainsi que l’Etat et ses établissements publics.
Le SAGE comprend :
– un plan d’aménagement et de gestion durable (PAGD) qui fixe les objectifs, orientations et
dispositions du SAGE et ses conditions de réalisation,
– un règlement, accompagné de documents cartographiques, qui édicte les règles à appliquer pour
atteindre les objectifs fixés dans le PAGD.
Ces éléments lui confèrent une portée juridique :
– le PAGD est opposable aux pouvoirs publics : tout programme, projet ou décision prise par
l’administration, directement ou indirectement, dans le domaine de l’eau et des milieux aquatiques doit
être compatible avec le PAGD,
– le règlement est opposable aux tiers : tout mode de gestion, projet ou installation de personnes
publiques ou privées doit être conforme avec le règlement.
Des ateliers sont lancés sur notre territoire pour la révision du SAGE. Cependant il contenait déjà dans ses 148 pages un ensemble de mesures très concrètes mais si peu mises en place. C’est assez sidérant de voir toute cette énergie mise dans la rédaction de documents résultants de l’intelligence collective et pourtant ignorée.
Alors là une fois encore on va réunir les acteurs du territoire mais les mesures seront-elles enfin appliquées ? Comment le SAGE sera-t-il intégré aux projets d’aménagement de notre territoire ?
Étant au 22 mai, 1 mois avant le début de l’été, nous vous demandons de nous donner la liste des
mesures prises par la ville de Vitré pour prévenir la sécheresse qui s’annonce avec des objectifs
précis chiffrés de réduction de consommation.
Quelle gestion de l’arrosage ? Quelles économies d’eau ont-elle été effectuées par la collectivité ? Quels
équipements ont été mise en place sur nos bâtiments publics pour récupérer l’eau de pluie ?
Plusieurs communes et villes d’Ille et Vilaine ont fait le choix par exemple d’utiliser l’eau de pluie pour
leurs WC/urinoirs dans leurs bâtiments publics.
Ex : A Betton, un dispositif à la salle des sports « A la salle des sports des Omblais, une cuve de
récupération des eaux de pluie de 10 m3 a été installée pour un usage sanitaire (wc et urinoirs). Un
système de pompe installé dans la cuve injecte l’eau récupérée dans un réseau séparé pour desservir les
sanitaires. Un dispositif permet de compléter un apport par l’eau potable en cas d’absence de
précipitations. »
Il est également urgent de mener des actions de sensibilisation auprès des habitants en allant bien au-
delà d’un simple message publié sur les réseaux sociaux. Offrons un réducteur de débit d’eau à chaque
habitant, facilitons l’accès aux récupérateur d’eau par exemple en donnant un coup de pouce financier aux
ménages et aux co-propriétés, encourageons les habitants à pailler avec leurs tontes de jardin par exemple.
Enfin ne nous y trompons pas. Ce ne sont pas les piscines, le lavage de voiture ou la récupération
de l’eau de pluie qui fera remonter nos réserves d’eau. Elles visent surtout un rapport équitable de
l’effort.
Si nous voulons que l’état de notre eau, en quantité et en qualité s’améliorent, il faut dès à présent un
vrai soutien politique à des transformations structurelles que nous repoussons sans cesse ou pire
que nous détruisons par des projets mettant à mal notre ressource en eau.
Une récente étude scientifique illustre une fois encore l’urgence à agir et fait écho à la nouvelle
vulnérabilité de notre territoire, que nous croyions jusqu’ici préservé.
La moitié des lacs et réservoirs du monde perdent de l’eau, dévoile cette nouvelle étude publiée dans
le magazine Science le 18 mai 2023, sous l’effet conjugué de la hausse des températures, de l’activité
humaine et de la baisse des précipitations. Pourtant ces lacs et réservoirs jouent pourtant un rôle
primordial, dans le stockage du carbone notamment.
Environ un quart de la population mondiale vit dans une zone comportant un lac ou un réservoir (plan
d’eau régulé par un barrage) qui s’assèche. L’étude comporte un résultat inattendu : les lacs perdent non
seulement de l’eau dans les zones arides, mais également dans les régions humides comme la nôtre.
« On considère généralement que quand le climat se réchauffe, les régions arides s’assèchent encore plus,
et que les régions humides deviennent plus humides », explique un des scientifiques. Mais même dans ces
dernières, « les lacs sont en déclin ».
Ces scientifiques loin d’être fatalistes veulent provoquer une prise de conscience chez les décideurs, en
préconisant plus de contrôle et de mesures préventives. Ils ont créée une carte qui répertorie l’état de ces
réserves en tant réel.
Assèchement de la moitié des lacs et réservoirs du monde : « Ça a un effet accélérateur sur le
réchauffement climatique », explique l’un des auteurs de l’étude (francetvinfo.fr)
Enfin, notre gouvernement en date du 17 avril a annoncé un plan d’action pour une gestion
résiliente et concertée de l’eau comprenant 53 mesures concrètes, qui répondent aux grands enjeux de
sobriété, disponibilité et qualité, et de réponse face aux crises de sécheresse.
Les 53 mesures du plan eau (gouvernement.fr)
Nous connaissons les beaux discours souvent laissés lettre morte.
Nous, nous croyons que des politiques locales courageuses et adaptées à nos besoins peuvent faire la différence.
Merci pour votre attention.
Carine POUESSEL, Erwann ROUGIER