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Vitré solidaire et écologique - intervention conseil municipal Vitré - 20 novembre - 2023 - Crèche

Intervention au conseil municipal du 20 novembre 2023: « Des pratiques que nous ne souhaitons pas voir sur notre territoire d’où notre vote contre la privatisation de la crèche Malabizou »

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Retrouvez ci-dessous l’intervention de notre groupe au conseil municipal de Vitré du 20 novembre 2023 par la voix d’Erwann ROUGIER

« Lundi 23 septembre 2023, la majorité du conseil municipal de Vitré a voté en faveur d’une délégation de service public concernant la crèche associative MALABIZOU, portée par le Centre social. Celle-ci va donc basculer dans le secteur privé au profit de « Rigolo comme la vie ».Notre groupe a voté contre cette délibération, nous souhaitons par cette tribune élargir le débat et sonner l’alarme.

 

Ce soir, nous allons dédier notre tribune à une inégalité sociale, territoriale et économique qui touche notre territoire. Celle de l’accès à un mode de garde pour nos enfants.

 

A Vitré, Trouver un mode de garde pour ses enfants relève aujourd’hui du parcours du combattant pour de nombreuses familles vitréennes ou du pays de Vitré.

Cette réalité est accentuée chaque année par une baisse globale du nombre d’assistantes maternelles. 30% des assistants maternelles ont plus de 55 ans avec de nombreux départs en retraite en cours et à venir (Chiffre de Vitré). Malgré le dynamisme des professionnels de la petite enfance du secteur, les candidats à l’agrément ne sont pas encore assez nombreux pour combler les départs.

En 2020, en France, il y avait 1,3 million de places en accueil formel (c-a-d assistants maternels et crèches principalement) pour 2,2 millions d’enfants de moins de 3 ans, soit un taux de couverture de 58,8 %. Cela signifie que les places manquaient pour 4 jeunes enfants sur 10 dans notre pays.  

Cette situation est d’autant plus inquiétante qu’elle s’inscrit dans un contexte de dégradation constant du taux de couverture. s’expliquant notamment par une baisse massive et tendancielle du nombre de places : 100 000 en moins entre 2014 et 2020. Qui plus est, les perspectives sont alarmantes : 120 000 assistants maternels sont amenés à prendre leur retraite d’ici à 2030, soit l’équivalent de 480 000 enfants gardés !

Par véritable choix ou pour une alternative aux crèches, certains parents se tournent alors vers des structures collectives. A Vitré, cette offre était jusque là principalement associatives avec La Malabizou, mutil-accueil organisé par le Centre Social et ASTEROIDE, multiaccueil à gestion parentale.

 

Les 60 places environ cumulés ne suffisent pas aujourd’hui à répondre à la demande croissante et semble être bien en deca de la moyenne nationale qui est de 22 places pour 100 enfants . La privatisation de la MALABIZOU ne constitue pas non plus une solution miracle. La privatisation est donc un leurre.

 

L’état actuel de l’offre d’accueil à Vitré a de déplorables conséquences pour les familles vitréennes. Conséquence sur l’emploi ou l’employabilité des parents (et encore trop souvent des mamans d’ailleurs) ou encore conséquence sur le pouvoir d’achat des familles.

Car oui, le type d’offre disponible joue sur le pouvoir d’achat, puisque les restes à charge sont en moyenne systématiquement supérieurs en ayant recours à un assistant maternel ou à une micro crèche qu’à une crèche, à plus forte raison pour les ménages les plus modestes. Je rajouterai aussi la forte difficulté pour des solutions concernant les enfants en situation de handicap.

 

A Vitré, notre bassin de vie est caractérisé par la forte présence de l’industrie. Paradoxalement, alors que ce sont les ouvrières et ouvriers qui créent la richesse notre territoire, ce sont ces derniers aux horaires décalés qui ont les plus lourdes difficultés à faire garder leurs enfants. C’est aussi le cas de l’ensemble de nos fonctionnaires, infirmiers, aides-soignants, aide à domicile, gendarmes, policiers qui font vivre nos services publics jour et nuit. 

 

Car oui, il est plus facile de faire garde son enfant à Vitré lorsque l’on est cadre ou avec des revenus supérieurs que lorsque l’on est ouvrier ou fonctionnaire à horaire décalé ou gagnant le SMIC. 

A moins de mettre la main à la poche et de renoncer à son pouvoir d’achat ou encore de réduire son temps de travail et donc sa rémunération.

Alors même que le diagnostic de la CTG indique un territoire qui accueille, je cite, « en proportion moins de cadres ou professions intermédiaires que le département, que notre territoire a une offre essentiellement adapté à ces mêmes catégories. » mais aussi que la situation « financière des ménages est globalement moins élevées que sur le département et la France », notre offre actuelle favorise au contraire d’autres catégories de la population.

 

Cette inégalité sociale n’est plus tenable et il est de notre devoir, en tant qu’élus locaux, de la corriger.

 

Plutôt que d’investir dans un véritable service public en la matière, l’état, Il y a plus de vingt ans des acteurs privés à investir le marché de la petite enfance afin d’ouvrir davantage de places en crèche. L’idée était alors d’améliorer l’offre. Depuis, le marché est parfois devenu un business qui mêle subventions publiques et rentabilité. Des pratiques que nous ne souhaitons pas voir sur notre territoire, d’où notre vote contre la privatisation de la crèche MALABIZOU ;

La création d’un guichet unique sur Vitré constitue un pas, encourageant vers plus de lisibilité de l’offre et vers un accompagnement des familles mais il ne constitue pas une réponse à la demande principale de centaines de famille, à savoir, avoir plus de places accessibles en structures collectives et avec des horaires adaptés à notre bassin de vie.

Cette situation nous confirme la nécessité d’un véritable service public. Nous avons proposé lors des élections municipales de 2020 et nous continuons de le proposer avec force, la création d’une crèche à gestion municipale qui permettrait une offre abordable pour toutes et tous et de qualité.

Oui cette offre aurait un cout. Un cout certain même. Nous savons le budget de notre ville tendu. Mais n’est-ce pas le propre d’un service public ? De ne pas viser la rentabilité mais la qualité du service rendu à la population ? Nous pensons urgent de l’assumer pour corriger cette inégalité par ce service.

La multiplication des micro-crèches ne suffira pas et n’est pas forcement adapté au budget de l’ensemble des familles. Les discours ne suffisent plus.

Quelle est votre politique en la matière ? Que proposez-vous face à cette urgence et à cette situation alarmante ? »

Erwann ROUGIER