Retrouvez ci-dessous l’intervention de notre groupe au conseil municipal de Vitré du 23 septembre 2024 par la voix de Erwann Rougier :
Dans plusieurs jours, plusieurs semaines, vous annoncez une concertation avec les écoles et les
parents d’élèves sur les rythmes scolaires. La question posée sera celle d’un éventuel retour à la
semaine de 4 jours pour nos enfants scolarisés dans nos écoles publiques. Nous souhaitons donc
exprimer ici notre point de vue.
Depuis septembre 2024, les enfants de nos écoles vivent un rythme à 4 jours et demi. Ce rythme,
décidé sous la mandature de François HOLLANDE avait alors plusieurs avantages présentés :
Selon plusieurs spécialistes ou encore scientifiques, oui, le rythme des 4 jours ½ correspondrait
davantage aux besoins des enfants et favoriserait alors un rythme constant dans la semaine,
favorable au rythme biologique et psychologique des enfants. La semaine des 4 jours ½, c’était
aussi la promesse de lutter contre certaines inégalités en y incluant des activités sociale, culturelles
ou encore artistiques.
La semaine des 4 jours 1/2, c’était aussi la promesse d’une mesure en faveur de l’égalité femme-homme quand on sait que 80% des temps partiels sont détenus par les femmes.
10 ans après, l’heure est au bilan et aux perspectives. Devons-nous maintenir ou non ce rythme ? Si
la réponse appartient aux parents et aux acteurs du secteur, force est de constater que la réponse
n’est pas simple à cette question.
D’abord, parce que la promesse de ce rythme était, à notre sens, un vraie bonne idée qui se basait
enfin sur la science et sur le rythme des enfants. Mais voilà, 10 ans après, nous pouvons constater
des limites organisationnelles, budgétaires et politiques aux 4 jours ½.
Oui, depuis 2017, les gouvernements successifs n’ont cessé de détricoter cette réforme en
baissant de manière graduée, notamment les financements des temps périscolaires. Obligeant ainsi
certaines collectivités à renoncer. Aujourd’hui, ce sont près de 90% des communes qui ont réalisé un
retour à 4 jours.
Ensuite, nous ne pouvons que constater que cette réforme n’a pas atteint ses objectifs pour une raison simple :
Avoir repenser le rythme des enfants sans penser à repenser celui des adultes était un erreur.
Si l’Etat avait voulu prioriser le rythme des enfants, alors il aurait fallu s’atteler à questionner
l’adaptation de nos organisations au travail et de notre société. Car oui, si l’école termine plus tôt
dans l’après-midi, encore faut-il que les parents puissent récupérer les enfants.
Pour résoudre cette problématique, certaines collectivités, ont allongé la pause du midi pour y
inclure les activités périscolaires ou y intégrer les activités en fin de journée. Les enfants restent donc
aussi longtemps à l’école qu’auparavant mais sur 4 jours ½. Ces aménagements, sont, en soi, un
premier renoncement car c’est bien le rythme des adultes qui a été priorisé par manque d’adaptation de
notre société. Dans un bassin de vie industriel avec de nombreux horaires en 3/8 ou encore avec des
services publics comme l’Hôpital ou nos EHPADS avec des horaires décalés, le rythme des 4 jours ½
est-il adapté ? Si nous n’avons pas de réponse évidente à ces questions, nous nous devons de nous
poser la question.
Alors même que le rythme des 4 jours ½ devait réduire les inégalités, nous constatons que la différence de rythme entre les écoles publiques et privés crée de profondes inégalités d’accès à certaines activités. En effet, certaines activités n’ayant lieu que le mercredi matin, comme par exemple à la base nautique, seuls les enfants du privé ont y accès. Ce n’est plus acceptable.
En conclusion, si le rythme des 4 jours ½ était une promesse ambitieuse, les conditions actuelles de
ce rythme et ses limites que nous avons constatées nous rendent plutôt favorables à un retour des 4 jours.
Avant toute chose, un changement des rythmes nécessitera également d’être mesuré de manière
fine en évaluant notamment notre capacité à accueillir les enfants au Centre de loisirs le mercredi
matin. Si changement de rythme il y a, alors celui-ci doit se faire correctement et sans précipitation.
Par ailleurs, nous ne pensons pas comme nous l’avons entendu qu’un retour aux 4 jours serait une
partie de la solution politique à apporter aux baisses des effectifs dans nos écoles publiques.
Au-delà de la question du rythme, ce changement de rythme ne doit pas justifier, et nous y
veillerons, à une baisse des moyens donnés à nos écoles publiques. Bien au contraire, la question du
rythme ne peut pas être dissociée dans la politique que nous voulons mener pour nos écoles.
La réponse appartient désormais au premiers concernés.. aux professionnels, aux parents, aux élèves. Lors
de cette concertation, il faudra alors respecter et écouter les avis, quels qu’ils soient, sans
dogmatisme. Car oui, en tant qu’élu.e.s, nous ne sommes pas légitimes pour répondre seuls à cette
question.
Nous précisons que si nous sommes plutôt favorables à un retour aux 4 jours, cette décision ne doit
pas être gravée dans le marbre. Une réévaluation régulière semble nécessaire selon les évolutions
d’orientations nationales, bien que nous ayons bien peur que ce gouvernement ne fasse pas de
l’école publique une priorité.
Nous restons, bien sûr, ouverts aux échanges sur ce débat .