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Handicap à Vitré : Les défis des parents, des enfants et des professionnels de l’éducation

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Retrouvez ci-dessous l’intervention de notre groupe par la voix d’Erwann ROUGIER au conseil municipal de Vitré du 28 avril 2025

« Alors que nous célébrons cette année les 20 ans de la loi handicap, j’aimerai ce soir, vous faire part de plusieurs situations de plusieurs jeunes vitréens. Pour garantir l’anonymat de ces situations, j’utilise bien évidemment des prénoms d’emprunt.

Je vais vous raconter l’histoire d’Adrien, un jeune vitréen scolarisé à Vitré. Au début de sa scolarité à l’école, tous se passait relativement bien. Un élève heureux d’être à l’école avec ses copains et ses camarades de classe. Un élève qui aime jouer, interagir, apprendre.

Sa maman, qui en a la garde, œuvre alors au quotidien pour le bien-être de son enfant. Puis une année, Adrien s’est mis à avoir progressivement des troubles de l’attention. Il avait du mal à se concentrer longtemps sur une tache. Sa maman trouvait également qu’il avait de plus en plus peur des adultes en s’isolant ou en leur répondant de manière non adaptée.

Puis au fil de l’année, Adrien s’est mis à répondre de manière impulsive à certains adultes. Sa maman à la sortie de l’école ou des temps périscolaires est avertie de son comportement. Mais voilà, sa maman est inquiète et démunie.

Elle ne sait plus quoi faire. Elle en échange avec le personnel de l’école, mais elle ne trouve pas de solution. Ses instits sont en souffrance également. D’ailleurs, sa maman observe qu’il a changé de classe pour cette raison, mais cela ne règle pas le problème.

Un jour, et en pleine journée sa maman est appelé : Adrien a frappé un membre du personnel du centre de loisir. Il y a sera alors exclu pendant plusieurs semaines. Adrien sera également écarté de certaines sorties scolaires. Sa maman, qui travaille et qui est seule à s’occuper de son enfant, se retrouve alors sans solution de garde parfois le jour-même.

Appel à l’aide à ses amis, ses proches, ses voisins pour garder Adrien. Sa maman consulte son médecin généraliste qui, en 1ière intention, n’apporte pas de réponse, ni de diagnostic à ces troubles. S’enchaîne alors pour Adrien et sa maman un long et difficile parcours de soins pour trouver des réponses.

Contacté, le Centre Médico Psycho Pédagogique a entre 1 an et 2 d’attente. Sa maman fait donc des recherches sur Internet, cherche des groupes Facebook pour trouver des réponses et des professionnels pouvant l’aider.

Au final, après avoir consulté un pédiatre, un médecin, un neuropsychiatrique, un psychomotricien, le diagnostic est posé : Adrien est atteint d’un Trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité de l’enfant (TDAH). Un diagnostic enfin qui permets à Adrien d’avoir un traitement et à sa maman de faire un dossier MDPH.

Or voilà, malgré ce handicap reconnu par la MDPH, qui pourrait permettre à l’école d’avoir un ou une AESH (Accompagnant des élèves en situation de handicap), Adrien ne pourra pas en bénéficier par manque de recrutement.

Depuis Adrien a un diagnostic mais à quel prix : Il est nettement moins à l’école car son temps scolaire a diminué. Il est régulièrement exclu des sorties ou des temps périscolaires, écarté de ses camarades, sa maman qui essaie de maintenir sa vie professionnelle tant bien que mal est sans antidépresseur.

Je pourrai également vous parler également de Violette, élève dans une école, également atteinte de TDAH, avec comme évènement déclencheur le décès de sa maman, dont le papa a dû débourser près de 1000 euros pour son diagnostic, subit la menace de services sociaux et essuyé, parfois, quelques remarques d’autres adultes lui faisant comprendre de mieux éduquer son enfant. Je pourrai également vous parler de Théo qui a une histoire similaire.

À chaque fois, la même histoire : des parents démunis, parfois des familles monoparentales, qui vont peut-être devoir délaisser leur activité professionnelle en lien avec la santé de leur enfants, des délais très longs pour voir un spécialiste, un parcours du combattant pour avoir un diagnostic, des exclusions du temps scolaire et périscolaire, un manque de moyens dans l’éducation et dans le secteur médico-social pour accompagner convenablement, et surtout l’impression de ne pas être compris. J’ai été marqué par leur détresse.

Ces enfants n’ont pas choisi leur handicap. Les parents n’ont pas choisi cette situation.

Selon la Haute Autorité de Santé, les enfants atteints de TDAH représenteraient 5 % des enfants. Des situations comme Théo, Violette, ou Adrien, il y en a potentiellement dans toutes les écoles et dans toutes les classes et je dirai, surtout dans les écoles publiques qui assurent leurs missions de service public, à savoir accueillir tout le monde.

J’ai souhaité écouter le vécu et les histoires de vie de ces familles pour une raison : En tant qu’élus, nous l’avons entendu, les professionnels qui travaillent dans nos écoles et sur les temps périscolaires en parleraient mieux que moi : ils sont aussi en difficulté et démunis, car ces situations se multiplient notamment depuis la crise COVID.

En + des enfants et des parents, je pourrai également vous relayer la souffrance des professionnels qui ne savent plus comment réagir face à la violence et dans un contexte où les moyens pour l’éducation n’augmentent pas, voir diminue et où l’accompagnement au quotidien est encore trop insuffisant.

A l’heure où l’inclusion, 20 ans après la loi handicap, ne devrait plus être un enjeu, force est de constater que nous avons encore de très fortes insuffisances en la matière localement et nationalement. Alors que faire ?

La mairie ne pourra pas pallier le manque de moyens de l’éducation nationale et du secteur médico-social de l’Etat, mais nous pouvons faire mieux. Nous devons mieux comprendre les enfants atteints de TDAH pour mieux les accompagner en tant que collectivité. En favorisant la coordination des acteurs autour de ces enjeux.

Nous avons la chance d’avoir sur notre territoire une CPTS regroupant des professionnels de santé, libéraux et salariés, mais aussi des établissements sanitaires et médico-sociaux. La CPTS pourrait alors coordonner et former les professionnels de santé autour de ces enjeux pour mieux accompagnement et surtout mieux orienter les familles concernées pour éviter des parcours de soins chaotique et coûteux pour les familles.

La coordination pourrait également passer par un dialogue et un échange pluridisciplinaire sur cette question en intégrant l’académie et le département ; certaines académies ont davantage avancé sur ce sujet en réalisant des accompagnements et des guides à destination des familles et des professionnels. L’enjeu est également d’accentuer et d’intensifier la formation des professionnels.

Par ailleurs, il est aussi possible de mieux accompagner en investissant, comme nous l’avons proposé, dans un centre de santé communal permettant d’y intégrer des questions de santé publique. Ce centre de santé aurait comme bénéfice, l’accompagnement des familles et des enfants.

Enfin, il nous semble pertinent de mieux communiquer avec ces familles, non seulement sur les actions déjà engagées pour éviter le sentiment d’abandon, mais aussi au quotidien pour valoriser l’accompagnement des enfants concernés.

À l’heure où l’inclusion semble être une priorité affichée, il nous semble nécessaire d’apporter autant de réponses collectives en la manière localement pour faire en sorte que la devise affichée sur nos écoles « Liberté, égalité, fraternité » ne soit pas des vains mots.