Retrouvez l’intervention d’Erwann ROUGIER pour notre groupe lors du conseil municipal de #Vitré de Décembre 2024 concernant la politique commerciale et l’extension de notre périphérie.
« Depuis plusieurs années, notre ville, comme beaucoup d’autres en France, fait face à un phénomène préoccupant : le développement rapide de la périphérie au détriment du centre-ville. C’est un sujet que notre groupe a évoqué à de nombreuses reprises. Récemment, lors d’un communiqué de presse, vous avez défendu, votre majorité municipale, votre politique “Cœur de Ville” en vous concentrant sur le prisme du commerce.
En clair, selon vous, les difficultés rencontrées par certains commerces dans le centre-ville ne relèvent pas de votre politique, mais uniquement d’un contexte national défavorable pour certaines activités et de problèmes structurels propres à certaines enseignes. Vous avez également déclaré, je cite, que « la municipalité ne peut pas décider de l’installation de telle activité ou empêcher une reprise de bail entre des entreprises privées ». Vous avez ajouté que si certaines activités, comme la restauration rapide, s’installent en grand nombre, c’est aussi parce qu’elles répondent à une demande et aux attentes d’une partie de la population.
Par ce temps de parole, nous souhaitons nuancer ces propos. Car oui, jamais la périphérie ne s’est autant développée que sous votre mandat. Si, pour certains projets, vous avez une marge de manœuvre limitée, nous constatons que vous avez néanmoins fait preuve d’une volonté politique pour favoriser ce développement périphérique. Par exemple, Vitré bat des records en termes de mètres carrés dédiés aux grandes surfaces. Vous avez voté à la commission départementale pour l’agrandissement de l’hypermarché, et ce, malgré les questions de santé publique soulevées par le développement des fast-foods.
L’arrivée de chaînes comme Burger King n’a pas suscité de réaction de votre part, notamment sur les enjeux de santé publique. À titre de comparaison, le maire de Fougères s’est opposé à l’installation de l’enseigne Grand Frais dans sa commune, au nom d’un développement équilibré avec les commerces de proximité. À Vitré, cependant, nous n’avons observé aucune opposition à ce type de projets.
Troisième exemple : le déplacement du cinéma en périphérie. Cela complexifie les mobilités et l’accessibilité à cet espace de culture qui devrait être dédié à tous.
Quatrième exemple : l’installation de restaurants près de ce cinéma, un projet que vous avez non seulement soutenu, mais permis, car le terrain appartenait à Vitré Communauté. Nous étions en désaccord sur ce point. Croire que l’arrivée de restaurants en périphérie autour du cinéma n’aura aucun impact sur le centre-ville nous semble naïf sur le plan politique.
Cette tendance accentue, selon nous, la fragilité du cœur de ville. Par ailleurs, l’expansion de la périphérie encourage l’usage de la voiture, congestionne les routes, et éloigne encore davantage les habitants du centre. Bien que vous entrepreniez certaines actions pour dynamiser le centre-ville, comme le dispositif “Action Cœur de Ville” ou le soutien au commerce de proximité, ces projets périphériques annulent ces efforts et rendent votre politique inefficace. Nos petits commerces sont les premiers touchés par cette fuite vers les zones périphériques, où tout est centralisé : grandes surfaces, loisirs, restauration rapide.
Jamais le centre-ville ne pourra rivaliser avec ces zones en termes d’accessibilité. À chaque nouveau projet excentré, c’est un morceau de l’économie du centre qui est fragilisé. Il est encore temps de renverser cette tendance, à condition de prendre des décisions cohérentes et ambitieuses. C’est dans le centre-ville que doivent être créées demain des opportunités, et que la vie économique, sociale et culturelle doit être réaffirmée.
Pour revitaliser notre centre-ville, il est urgent de réorienter notre politique d’urbanisme. Cela passe notamment par l’arrêt de toute expansion commerciale en périphérie. Mais au-delà du commerce, le centre-ville doit redevenir un lieu de vie, où l’on travaille, échange et se divertit, et non plus une simple zone de passage. Nous devons investir davantage dans les services publics de proximité et dans l’événementiel, afin de faire rayonner nos rues, particulièrement pendant la saison hivernale.
Des manifestations culturelles régulières, organisées en lien avec les associations locales, ainsi que des événements thématiques, pourraient renforcer l’attractivité du cœur de ville. Il serait également pertinent d’intégrer des activités sociales et culturelles au tissu urbain : des lieux d’exposition pour les artistes, des espaces verts supplémentaires, ou encore des espaces dédiés aux associations locales. Ces initiatives répondraient aux attentes des habitants et redonneraient vie à nos rues.
Enfin, il est crucial de mieux intégrer les commerçants et les habitants dans cette politique “Cœur de Ville”. Ils doivent participer à des instances dédiées, comme des commissions thématiques participatives. Les artisans, restaurateurs et commerçants sont les véritables poumons économiques de notre ville. Nous avons d’ailleurs proposé à plusieurs reprises de créer des commissions, notamment pour travailler sur l’animation hivernale. Nous réitérons cette proposition pour l’année prochaine, car en associant les acteurs locaux, nous pourrons avancer plus vite et plus efficacement.
Voilà pour la prise de parole de notre groupe ce soir. Je vous remercie.