Le 3 juin 2021 à Vitré,
Communiqué de presse
Ils ont fuit leurs pays pour protéger leur vie et leur liberté. Parce qu’ils sont issus des Yesedis, une minorité religieuse connue pour être persécutée par l’Etat islamique en Irak ou parce qu’il sont des opposants politiques en Algérie ou en Russie, ils ont pris le chemin de la France et de Vitré. Non par choix mais pour fuir l’oppression. Cette situation dramatique doit nous questionner sur les réponses que nous pouvons apporter collectivement, en tant que citoyens mais aussi en tant que collectivités sans quoi ce genre de situation risque, malheureusement de se répéter.
Ces familles sont intégrées dans la vie de la ville, les enfants sont scolarisés, les parents investis dans le monde associatif. Ils ont même entamé des démarches pour apprendre le Français et ils ont recherché activement un travail. Alors qu’on leur demande de s’intégrer, notamment par le travail, on leur refuse ce droit en raison de leur statut.
Depuis des années, ils ont fait corps avec notre ville, Vitré. Et pourtant, ces familles sont invitées, par lettre recommandée, à quitter le territoire. Conséquence d’une politique migratoire trop rigide et contradictoire qui provoque plus de précarité que de stabilité. Une politique qui détricote l’espoir d’un répit. Une politique qui s’appuie sur une « liste » de pays dit « sûrs », éloignée de la réalité et surtout construite, disons le, pour ne pas froisser des intérêts géopolitiques.
Depuis des jours, les lycéens, le personnel du lycée Bertrand d’Argentré et le monde associatif se mobilisent pour éviter que ces familles ne se retrouvent à la rue. Sans eux, ces familles dormiraient dehors. Vitré est une ville généreuse, profondément accueillante et diverse avec près de 52 nationalités représentées! Notre situation économique, notre diversité et nos valeurs nous permettent aisément d’accueillir dans des bonnes conditions ces 3 familles. Nous demandons à la Préfecture d’entendre raison : Pourquoi s’entêter à ne pas accueillir lorsque cela est possible et justifié ?
Les citoyens ne peuvent pas, seuls, organiser la solidarité : la collectivité doit se mobiliser si elle ne souhaite pas voir, à l’avenir, des personnes dormir sur le trottoir. En tant qu’élus locaux, ne nous cachons pas derrière l’argument de « l’impuissance » pour mieux justifier notre résignation. Nous pouvons agir et nous avons fait des propositions dans ce sens !
Nous demandons à ce que la collectivité mette tout en œuvre pour que ces familles aient une vie décente et en premier lieu un logement. Pour ce faire, il est essentiel qu’une liste des logements vacants soit établie afin de répondre à des situations d’urgence.
Pour le moment, le sous-préfet n’a pas donné suite aux demandes émises par Mme Le Maire concernant une autorisation provisoire leur permettant de travailler et un recours à la procédure d’expulsion. Un dernier rendez-vous est proposé aux familles
devant le secrétaire général de la préfecture. Nous demandons à ce que Mme le Maire ou un adjoint puisse assister à ces entrevues afin de manifester le soutien de la ville de Vitré auprès de ces familles.
Par ailleurs, bien qu’une aide alimentaire d’urgence soit parfois délivrée par le département, il nous semble essentiel qu’une coordination puisse s’organiser entre d’une part la mairie et la communauté de commune et d’autre part le département et les associations qui organisent la solidarité du quotidien.
Sous la précédente mandature de Pierre MEHAIGNERIE, un groupe de travail dédié à l’accueil des demandeurs d’asile existait. Celui-ci était composé d’élus et d’associations. Ce groupe n’a pas été reconduit de manière volontaire par cette nouvelle majorité. Nous demandons que ce groupe de travail soit réactivé au plus vite.
Si nous aimons Vitré, c’est aussi parce qu’elle est généreuse. Mais la solidarité, ça s’organise !
Erwann ROUGIER et Carine POUËSSEL,
Conseillers municipaux à Vitré