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Intervention au Conseil Municipal du 30 janvier 2023 : « Nous ne partageons pas le même modèle de développement »

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« Un projet important voté en Conseil d’agglomération nous oblige à intervenir. Celui d’un projet de
crèche et de deux restaurants au milieu de 234 places de parking dans le parc d’Activités de la
grande Haie, boulevard de Laval.

Le projet initial de la relocalisation du cinéma Aurore et l’achat par Cinewest se transforme
donc en projet d’une nouvelle zone de loisirs et commerciale en périphérie de la ville.

Comment un tel projet pour la ville de Vitré n’a-t-il pas été présenté au préalable aux habitants et aux élus ?

En plein débat d’orientation budgétaire, nous nous interrogeons sur le modèle économique et
urbain défendu par la majorité.
 

1/ Revenons sur la méthode

Nous siégeons à la commission urbanisme et nous n’avons jamais évoqué ce projet. Des mois que nous demandons une liaison de bus à minima correcte, piétonne et cyclable jusqu’au futur cinéma. Pour rappel la location d’un bus scolaire est entre 400 et 1000euros à la journée. Le choix sera vite fait en ces période de restriction budgétaire pour les écoles.

On réduit aujourd’hui la validation d’un un projet culturel social et économique à un échange de
foncier entre Vitré et Vitré CO. Une fois encore on voit toute la limite de concentrer le pouvoir aux mêmes personnes sur ces 2 échelles. Les marges de manœuvres et les débats sont réduits.
Mais surtout n’avons nous pas le devoir de travailler d’abord sur le fond ? En tant qu’élus nous avons à nous positionner sur la cohérence de nos politiques menées et sur la plus value sociale, économique et environnementale de ce projet. A l’heure où la sobriété s’impose à nous toutes et tous.

 2/  Dimension économique 

La Ville a signé avec l’Etat une convention Action Cœur de ville. Le projet est en total contradiction avec le volet commercial de cette convention selon laquelle les objectifs du PLU de la ville doivent « éviter de disséminer les centres commerciaux sans une étude plus précise » (p. 20) 

Nous n’avons à ce jour aucune connaissance d’étude menée, de réflexion ou de commissions ayant
réfléchi sur la viabilité d’un tel projet.

 Les entreprises du secteur manquent-elles de places de parking ?

 3/ Dimension Sociale

Une crèche oui mais au milieu de parkings ? Quel sera l’impact en terme de santé pour les
enfants ? Avons-nous parler de ce sujet en commission éducation ?

Nous devons aussi prendre en compte le Contexte social précaire pour beaucoup de familles vitréennes. Pensez-vous que 4 places de ciné + un restaurant  peut s’adresser à la majorité des familles vitréennes ? A moins que vous nous annonciez que les futurs restaurants
seront ENCORE des fastfoods.

 4/ Impact environnemental

Contrairement au projet initial du cinéma qui devait conserver les arbres existants, les arbres / haies
bocagères ne sont pas inclus dans le projet. Il n’est pas non plus stipulé dans la délibération de Vitré CO l’autorisation d’abattage de ces haies qui sont protégées par le PLU.

Comment se fait-il que le projet initial du nouveau cinéma prévoit la préservation des haies et qu’un
autre l’ignore. Après l’abattage des 5 arbres centenaires, vous nous aviez assuré que cela n’arriverait plus. Or c’est le cas ici.

Pourquoi ne pas dés la construction d’un projet, prévoir d’inclure ces haies, d’agencer les bâtiments en fonction afin de les conserver ?

Autant pour l’implantation d’une entreprise cela peut être complexe, pour un parking ou restaurant c’est tout à fait faisable.

 Mais voilà et nous vous l’avons répété à maintes reprises. Il n’existe pas au sein de Vitré CO de
service dédié à la protection de la biodiversité, espaces verts. Comment est ce possible à l’heure du réchauffement climatique ?

 > Plan local d’urbanisme

Par ailleurs, nous avons proposé d’identifier les haies / arbres mais surtout de les protéger davantage car selon le PLU ces haies ne sont pas protégées. Une simple autorisation de la mairie suffit. En classant les arbres remarquables en EBC (Espace Boisé Classé)  nous leur garantirions une vraie protection. Nous avons d’ailleurs constaté que certains de ces EBC ont disparu.

 Une fois encore comment les décisions d’abattages sont-elles prises? Par qui ? Et pourquoi arrivent-elle toujours en aval du projet ? Quelle instance décide ? Nous demandons un compte-rendu de ces décisions.

 > Préconisations du SAGE (schéma d’aménagement et de gestion de l’eau)

 a. Ce document est prescripteur : il a une portée juridique qui s’impose au PLU .

« Le SAGE attend des PLU qu’ils identifient et localisent les éléments bocagers (haies, talus, boisement, etc.). Dans tous les cas, la stratégie « éviter, réduire, compenser » s’applique à la protection du bocage. » 

Il est écrit dans le PLU de Vitré, ce dernier ne parle que de compensation et oublie l’évitement et la réduction.

 b.  Disposition 106 du SAGE « constituer dans les communes des groupes de travail bocage » (page 56 du SAGE)

Ce groupe de travail n’existe pas à Vitré et n’est pas représentatif de la diversité des acteurs. C’est une autre infraction des dispositions du SAGE.

Nous demandons donc une mise en œuvre de la conformité et l’intégration des acteurs du territoire (ex : Sens de Bretagne : randonneurs, chasseurs…..)

 > Dans ce même document, il existe une grille d’évaluation pour autoriser ou pas un abattage (page 44 à 51). Pourquoi ne pas utiliser cette grille à Vitré ?

5/ Parlons de la Zéro Artificialisation Nette

Source : Objectif « zéro artificialisation nette » : quels leviers pour protéger les sols ? |
France Stratégie (strategie.gouv.fr)

Nous avons évoqué le sujet en CM mais aussi en commission urbanisme à plusieurs reprises sans
pouvoir obtenir de réponse.
Le compteur tourne depuis 2021 sur ce que nous consommons en terres.

La loi Climat a également fixé un premier objectif intermédiaire de réduction de moitié du rythme de la consommation d’espaces dans les dix prochaines années, soit à horizon 2031.

Cette circulaire précise la mobilisation attendue des préfets de régions et de départements pour répondre aux objectifs ambitieux de réduction de l’artificialisation des sols inscrits dans la loi précitée, au cours des dix prochaines années (2022-2031) et pour atteindre le zéro artificialisation nette (ZAN) en 2050.

Cet objectif doit se traduire concrètement dans les documents de planification régionale (schémas régionaux d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires (SRADDET) puis dans les documents d’urbanisme à l’échelle locale (schéma de cohérence territoriale (SCoT), plan local d’urbanisme (PLU), cartes communales, etc.) avec une réduction progressive des surfaces artificialisées.

> Quel impacts de l’artificialisation des sols (et pouquoi nous devons la limiter) ? 

       Accélération de la perte de biodiversité : la transformation d’un espace naturel en terrain imperméabilisé, modifie considérablement ou fait disparaître l’habitat des espèces animale ou végétale de cet espace naturel, et peut conduire à leur disparition d’un territoire.

 

       Réchauffement climatique : un sol artificialisé n’absorbe plus le CO2. Un sol artificialisé participe donc à la hausse du réchauffement climatique.

 

       Amplification des risques d’inondations : Par définition un sol imperméabilisé n’absorbe pas l’eau de pluie. En cas de fortes intempéries, les phénomènes de ruissellement et d’inondation sont donc amplifiés.

 

        Réduction de la capacité des terres agricoles à nous nourrir : l’artificialisation entraîne une perte de productivité agricole et limite la production alimentaire de nos territoires.

 

       Accroissement des dépenses liées aux réseaux : pour le rendre accessible et fonctionnel, un terrain artificialisé demande en outre beaucoup d’entretien et d’efforts d’aménagement (routes, électricité, assainissement) qui sont coûteuses et viennent souvent ajouter d’autre nuisance à la biodiversité (nuisance sonores, pollution lumineuse, pollution de l’air et de l’eau)…

 

         Amplification de la fracture territoriale : l’étalement urbain et la construction en périphérie des villes renforce également la fracture sociale déjà présente en reléguant notamment une partie des habitants à l’écart du centre-ville, provoquant sa désertification et la dévalorisation des petits commerces

 

Les élus se sont-ils penchés sur cette question ? Pouvons-nous avoir la surface des terres consommées depuis 2021 ?

 

Nous savons tous que la création de zone commerciale en périphérie d’une ville est un non sens
aujourd’hui. Ce modèle économique appartient au passé.

 > Concentrons nos efforts sur la mise en valeur de notre centre ville et offrons un environnement plus sain à nos habitants

 > Réhabilitons nos friches et nos logements vacant

 > Gardons une réserve foncière pour des projets économiques vertueux pour le future, une économie qui assure une véritable transition écologique pour notre territoire (énergies renouvelables etc..)

 > Rendons aux agriculteurs une partie de nos terres

 > Enfin soyons solidaires des autres communes dans nos projets d’aménagement du territoire.

Que reste-t-il aux autres communes de Vitré Communauté pour leurs futurs projets d’urbanisme ?

Comme dirait Bruno Latour « Prospérer c’est un terme admirable qui ne doit pas être réduit à un sens de développement absurde comme on essaye de nous le vendre. »