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 « Et si nous créions, à Vitré, un véritable service public local du réusage, du réemploi et de la réutilisation ? »

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Vous trouverez ci-dessous l’intervention des élus « Vitré, solidaire et écologique », Erwann ROUGIER et Carine POUËSSEL lors du conseil municipal de décembre 2022.

 « Et si nous créions un véritable service public local du réusage, du réemploi et de la réutilisation ? »

« Avant tout, sans revenir sur l’historique de ce dossier, nous tenons à saluer la concrétisation du projet de rénovation de notre hôpital public. Cet investissement est une avancée majeure pour le confort des patients mais aussi des professionnels. Si nous sommes enthousiastes pour ce projet, nous continuerons à être attentifs aux différentes politiques de santé locales et nationales qui ont un impact sur nos services publics de santé et sur l’accès aux soins.

Sur un autre sujet, nous souhaitons évoquer ce soir la fermeture de notre centre de tri, les interrogations que cette décision soulève, mais aussi vous proposer des perspectives.

Nous avons appris, dans la presse, l’officialisation de la fermeture de notre centre de tri, décidé par CITEO. Le motif avancé : un changement des règles de tri en France comprenant désormais tous les déchets plastiques. Le centre de tri est donc jugé par CITEO, « trop petit et non adapté » pour ces nouvelles mesures.

La décision a ainsi été prise d’externaliser le tri vers d’autres centres : au RHEU et au MANS, dans des grands centres de tri, alors même que le centre de tri de Vitré a bénéficié d’investissements importants. Cette décision laisse un goût amer et l’impression d’un gâchis.

En disant cela, nous pensons aux 18 salariés du centre de tri vitréen et à l’impact de cette décision sur leur vie. Des salariés qui se sont battus pour partir la tête haute. Nous exprimons ici la plus grande reconnaissance du travail effectué depuis des années par ces salariés. Des salariés qui formulent, pourtant, l’impression de ne pas avoir eu de soutien suffisamment appuyé des élus aux responsabilités.

Nous avons reçu, il y a quelques jours, une information de S3TEC donnant des réponses aux différentes interrogations. Malgré cela, il en persiste toujours : Pourquoi avoir refusé il y a quelques années de construire avec Rennes métropole un centre de tri détenu par les collectivités plutôt qu’une entreprise privée au Rheu ? Pourquoi les salariés ont eu l’impression de ne pas être suffisamment soutenus ?  Aucune perspective n’était possible pour un reclassement au sein du SMICTOM ?

Dans la brochure, le mot utilisé est celui de la résignation. Résignation face à une décision qui n’appartenait pas aux élus. Pourtant, nous pensons que des perspectives existent en musclant les missions et les investissements au SMICTOM.

 Nous le savons, la réduction de nos déchets, l’amélioration du tri, la collecte séparée des biodéchets, le réusage constituent des enjeux majeurs pour réussir à formuler des réponses à l’urgence climatique et à la préservation de notre biodiversité.

 À ce titre, nous saluons les actions engagées par le SMICTOM comme par exemple la tarification incitative qui commence à donner des résultats concrets sur le volume des déchets, ou encore les différents guides déployés avec des conseils pratiques aux usagers. Cependant, nous pensons que nous avons la capacité d’être plus ambitieux.

 Le SMICTOM et les collectivités pourraient, sous condition de moyens, impulser une politique en faveur du réusage et du réemploi et donc contribuer à faire émerger une véritable économie circulaire. L’existante d’une véritable filiale du réemploi et du réusage est un enjeu majeur des politiques environnementales, afin de limiter la consommation de matières et d’énergie ainsi que les impacts environnementaux.

Par exemple, selon l’ADEME, il faut compter 8 000 litres d’eau et 32 kg de matières premières pour la fabrication d’un jean, et 184 kg de matières premières pour la fabrication d’un smartphone.

Dans de grandes dimensions, le réemploi pourrait aussi participer à atteindre la neutralité carbone. Selon une estimation de RREUSE, réseau international des entreprises sociales du réemploi, les activités de ses membres ont permis d’étendre la durée de vie de 214 500 tonnes d’objets grâce au réemploi. Ces activités auraient ainsi compensé les émissions annuelles de CO2 de plus de 107 000 citoyen·nes européen·nes.

Nous avons déjà de belles ressources pour muscler cette filière : un pôle de l’économie sociale et solidaire, une recyclerie, des repairs café. Et si nous mettions le curseur en tant que collectivité bien plus haut ? Et si nous créions un véritable service public local du réusage, du réemploi et de la réutilisation ? Et si nous mettions l’économie circulaire au cœur de notre politique économique ? L’urgence climatique est là et nos réponses doivent être aussi locales.

Ce service public pourrait avoir comme mission de mettre en réseau les acteurs déjà existants, d’impulser et de soutenir les initiatives existantes. Il pourrait aussi former et faire monter en compétences des agents au service des habitants.

Cette impulsion politique aurait le mérite de répondre à un besoin social et écologique tout en créant des emplois. L’imbrication entre les secteurs du réemploi et de l’économie sociale et solidaire permet en outre de favoriser la réinsertion des personnes en situation d’exclusion.

L’économie circulaire constitue une formidable opportunité de renforcement de l’économie locale. La résilience territoriale implique une certaine autosuffisance et une capacité à utiliser plus efficacement les ressources locales.

Cette dynamique aurait peut-être permis aux salariés du centre de tri une perspective, mais est-il déjà trop tard ? Nous ne le pensons pas ! »

Erwann ROUGIER et Carine POUESSEL