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[Intervention] Nouveau cinéma à Vitré en périphérie, un pari risqué !

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Lors du conseil municipal à Vitré de ce 15 novembre 2021, nous nous sommes exprimés sur l’annonce d’un nouveau cinéma multiplexe, boulevard de Laval.  L’occasion de rappeler les risques de ce projet et notre vision de l’aménagement de notre ville. 

L’intervention est disponible en vidéo via le lien suivant (à 1 h13 minutes et 17 secondes)

Conseil municipal du 15 novembre 2021 – YouTube

L'intervention complète

Nous avons appris dans la presse, comme l’ensemble des vitréens, la création d’un cinéma multiplexe de 6 salles au bout du boulevard de Laval. Il remplacera alors, courant 2023, l’Aurore cinéma actuel. Nous souhaitons par cette déclaration vous formuler nos interrogations mais aussi nos propositions sur ce dossier qui a fait réagir, de manière légitime, les vitréens.


L’Aurore Cinéma est un lieu que les vitréens ont su s’approprier et apprécier. Et il y a de quoi. Quand vous passez la porte de ce cinéma, il y a des choses qu’il n’y a pas ailleurs : L’accueil toujours irréprochable, la personne qui vous indique toujours avec le sourire « Salle 1, salle 2, salle 3 …» ou encore le contact humain avec les personnes chargées de vendre les friandises. Cette plus-value, qu’aucune machine ou automate ne remplacera, est rendue possible par les 140 bénévoles de l’association dans ce cinéma et ses 2 salariés. Si le film y est au cœur, c’est aussi et surtout un lieu de spectacle, d’apprentissage, de rencontre et de lien social. A l’heure où les plateformes en ligne fleurissent, la pérennisation de ce cinéma et de son accessibilité est donc l’affaire de tous. Mais de quel cinéma voulons-nous ?


Nous avons rencontré le président de l’Aurore Cinéma car nous avons voulu comprendre les raisons de cet agrandissement et de cette vente. Car si le futur multiplexe doit conserver le nom, l’association, elle, sera dissoute avec l’ensemble de ses bénévoles. Sans prendre en compte les effets inédits de la crise sanitaire
sur la fréquentation des cinémas, l’objectif est clair : passer d’une fréquentation stagnante, entre 110 000 et 120 000 entrées/an à 180 000 entrées. Autrement dit, augmenter l’offre pour tenter d’augmenter la demande et ainsi faire en sorte que Vitré ne soit plus la seule ville moyenne à ne pas avoir un cinéma de plus de 6
salles. Nous comprenons ces arguments mais des questions subsistent à ce pari qui présente, selon nous, un certains nombres de risques.


D’abord sur l’aménagement du territoire : Si je suis trop jeune pour l’avoir connu, notre mémoire collective n’a pas oublié le premier cinéma de Vitré : « Le Palace » et le bar-restaurant « Le France », situé à la gare, à la place du restaurant alsacien actuel. Cet ancien emplacement marque les esprits car il est le symbole
d’une ville, comme la plupart des villes moyennes à la fin du 20ème siècle, qui a poussé ses activités culturelles et économiques en périphérie pour se développer. Si ce développement en périphérie a pu avoir des bénéfices à court et moyen terme, il a déséquilibré progressivement, lentement l’attractivité entre notre centre-ville et notre périphérie. Ne faisons pas la même erreur pour la culture. Nous le savons, des lieux en centre-ville ont été recherché, en vain mais nous connaissons aussi le risque de cet emplacement en périphérie comme par exemple l’installation à terme d’un autre fast-food à proximité de ce multiplexe, comme nous pouvons l’entendre ici et là.

Pouvez-vous donc nous assurer que ce projet n’inclut pas à proximité l’installation d’un nouveau fast-food ou de toute autre activité à laquelle nous n’aurions pas connaissance ? Il nous faut des lignes rouges claires et transparentes.

Par ailleurs, étant aussi membre du conseil communautaire, sauf erreur de ma part, je n’ai pas souvenir que la vente du terrain soit passée en délibération, pourquoi une présentation n’a-t-elle pas été faite devant les élus, d’autant qu’il existe
aujourd’hui deux autres cinémas associatifs sur le territoire ?


D’autre-part, à l’heure où la mobilité est un enjeu majeur, le développement en périphérie éloigne encore un peu plus les activités du centre-ville et des lieux de vie des vitréens. Les encourageant encore une fois à prendre la voiture. D’après nos estimations, le futur cinéma sera à 28 minutes à pied du cinéma actuel et à
40 minutes de la gare de Vitré. Nous proposons alors d’investir massivement dans la création d’un cheminement piéton et vélo sécurisé sur le boulevard de Laval mais aussi d’adapter les horaires de bus à ceux du cinéma. Si nous souhaitons dynamiser notre centre-ville, notre ville va devoir y accueillir des familles ou des jeunes couples, qui, venant de plus grandes métropoles conditionneront leur installation de
plus en plus à l’accessibilité aux activités à pied ou à vélo. Quelles sont alors vos projets pour ce boulevard ?


Il y a eu des avancées sur d’autres avenues mais il me semble que le boulevard de Laval doit être une priorité.


Par ailleurs, quelles sont les pistes envisagées pour l’avenir du cinéma actuel ? Nous le savons, la mairie de Vitré n’est pas propriétaire des lieux et du terrain. L’Aurore s’est dit prête à échanger avec la collectivité.


Parce que nous souhaitons que ce lieu reste un lieu de vie et de culture, ouvert à l’ensemble des vitréens, nous souhaitons que cette réflexion soit ouverte en y associant non seulement l’ensemble des élus concernés mais aussi et surtout les vitréens et les 140 bénévoles de l’association.

Repensons et construisons ensemble la politique culturelle de la ville et construisons ensemble le devenir de ce lieu !


Que ce soit l’agrandissement de ce cinéma comme par ailleurs celui d’une grande surface, que ce soit la volonté d’avoir une route toujours plus grande…. Cela constitue des symptômes d’une ville qui grandit mais ce développement nécessite de poser des lignes rouges car Vitré doit rester une ville à taille humaine. Quel développement voulons-nous demain, quel développement voulons-nous pour la culture, devons-nous tout mettre en périphérie ? A toutes ces questions, nous n’avons pas de réponse, c’est pour cela que nous nous exprimons ce soir.

Erwann ROUGIER